La première fromagerie industrielle fut construite vers 1880 à Orbec, au hameau d'Orbiquet, époque à laquelle le petit atelier de La Houssaye, à Boissey, attesté en 1810,
se modernisa. Le mouvement de créations s'amplifia
au cours de la première décennie du XXè siècle,
avec une vingtaine de constructions nouvelles,
quelques grands noms se partageant l'essentiel
du marché : Lanquetot à Saint-Martin-de-Bienfaite
et à Orbec Lepetit au Mesnil-Mauger
et à Bretteville-sur-Dives, Bisson à Livarot.


(survolez avec votre souris pour faire apparaître les légendes)

Au même moment démarra la production industrielle du cidre : Mauger et Guéret, à Lisieux, en furent les promoteurs en 1885, mais c'est surtout après 1895 que s'établirent, de Livarot à Pont-l'Évêque, d'importantes usines. Des distilleries, débouché important en cas d'excédents, leur furent presque toujours annexées. De nouvelles plantations de pommiers entre 1830 et 1850, l'arrivée du chemin de fer en 1860, la crise du phylloxéra que subit le vignoble français à partir de 1863 furent autant de facteurs favorables à l'essor de la consommation du cidre et à l'industrialisation de sa production.

Les conditions de fabrication du cidre fermier ne pouvaient lui permettre de s'imposer sur le marché de l'exportation : au cours des opérations de brassage, on utilisait ainsi couramment l'eau des fossés ou celle des mares, réputée pour donner un cidre p/us gracieux. Georges Warcollier, directeur de la Station pomologique de Caen créée vers 1902, s'employa à réorganiser le traitement des pommes. Les cidreries augeronnes équipèrent bientôt conformément à ses conseils : remisage des fruits, selon leur maturité, dans des casiers répartis dans des greniers ou sous des hangars, aménagement de caniveaux pour leur nettoyage et leur transport vers les aires de broyage, utilisation de râpes ou de broyeurs et de pressoirs hydrauliques, clarification des jus, abandon des cuves en bois au profit de cuves en ciment verrées ou enduites, installation de machines frigorifiques. De nombreux sites, fermiers ou industriels, ont aujourd'hui disparu, mais les chais du pays d'Auge laissent encore s'échapper «la part des anges «, tandis que les louches, devenues mécaniques, moulent le lait cru.

 
   

 

Ce texte a été publié dans le dossier consacré au Pays d'Auge
par la revue Vieilles Maisons Françaises (n°I73, juillet-août 1998).
Il est reproduit intégralement grâce à l'autorisation de son auteur et de la rédaction en chef de la revue.
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